V- Retrouver le temps des rêves

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Dans cette métamorphose, cendres et immobilité marquèrent le premier temps.
Horizon rétréci. Bruit de sa respiration traquée, noir de l'enfermement, monstre dévorant les entrailles.

Des mains se tendirent, l'aidant à réouvrir la porte de son antre, à écouter le murmure de la source, à voir que ces démons-là la protégeaient aussi.

Avec d'autres encore, elle explora les temps de son passé, les lieux de son présent, les mélodies de son futur.
Tournant autour de la lune neuf fois à l'envers, en murmurant une litanie magique.
S'envolant jusqu'à l'horizon, ou au coeur des molécules.
Trouvant le silence, et se trouvant en lui, aimée.

Ce n'était pas tout d'apprendre à voler, il fallait aussi s'ancrer dans la terre.
S'y reposer, la toucher, célebrer ce qu'elle porte de vie en son sein, légumes ou petits habitants besogneux.
Apprendre la magie du grain qui revit avec un peu d'eau, de ce grain qui, une fois moulu et mouillé, donne la pâte vivante, celle qui respire dans les mains qui la façonnent.
Trouver la juste flamme pour la cuire sans la brûler.

Une petite fille consolée lui montrait le chemin, dansant sous la pluie, lui faisant découvrir ces merveilles que les adultes ne voient plus.

Ce n'était pas tout le temps ainsi, oh non ! Mais ces quelques instants étaient si denses qu'ils éclairaient le reste.
Au plus tourmenté des tempêtes, l'étincelle restait là.
Car elle n'offrait rien que la capacité à vivre enfin, les bonheurs comme les malheurs.
La mort était présente, moins affreuse que la peur de la mort ne l'avait été, et c'était tout un changement de perspective, donnant du sel aux plus petites choses, aux dépends des grandes ambitions.

Les alentours  se  réaménageaient. 
Ses proches vivaient mieux, maintenant que la peur de ses colères incessantes s'était éloignée, et que des rires émaillaient le quotidien.
D'autres visages apparaissaient aux alentours, avec leurs joies et leurs souffrances, et cette lueur dans les yeux qu'allument les vraies rencontres.

Un jour, elle se retourna sur le chemin parcouru et sourit, en pensant aux vieux grimoires de son enfance, lus et relus avec passion. Car  elle savait maintenant qu'il tient à chacun de vivre ces aventures flamboyantes, en acceptant juste...d'être dragon.


Fin
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L
J'aime ton conte, dans lequel se lit bien plus qu'une histoire... Et comme Jipes, je regarde dans le miroir que tu dresses devant nous, et je me dis, "et moi ?..."<br /> Merci pour ce partage, Lise !
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L
D'abord, c'est quand même un conte ;-)C'est surtout un message d'espoir, car les murs n'ont souvent pas d'existence autre que celle qu'on leur donne...Amicales pensées ( j'ai adoré les photos de ta petite famille de crobards !)
G
Comme cela paraît simple:s'accepter soi-même telle qu'on est,c'est la clé bien sûr,il est des moments où tout paraît simple et d'autres où tout s'éparpille et s'emmêle...mais on a toute la vie pour se simplifier...bonne journée,Lise!
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L
Merci à toi , Gazou !
J
Je trouve vraiment ce röcit de toute beauté un cheminement intérieur qui t'a amené a t'accepter et etre en accord avec l'enfant que tu etais. Je crois qu'il y a énormémenet a apprendre de ton parcours, moi ca me paraît si loin cette acceptation ca me paraît un challenge impossible...
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L
C'est venu par petites touches avec de vrais passages difficiles. Alors pourquoi n'y parviendrais-tu pas ?